L'ÉTUDIANT DE PRAGUE (1913)

L'ÉTUDIANT DE PRAGUE


FICHE TECHNIQUE

Titre français : L'étudiant de Prague
Titre original : Der Student von Prag
Autres titres : The Student of Prague

Réalisateur : Paul Wegener, Stellan Rye
Année : 1913
Pays : Allemagne
Musique : /
Genre : Fantastique
Interdiction : /

Casting
Paul Wegener (Balduin / son reflet)
Grete Berger (La comtesse Margit)
John Gottowt (Scapinelli)
Lyda Salmonovar (La marchande de fleurs)
Lothar Körner (Le comte)
Fritz Weidemann (Le baron)

Compagnie de production : Deutsche Bioscop GmbH

Première diffusion : 22 août 1913 (Allemagne)

Durée : 83 minutes


L'HISTOIRE
A Prague. Balduin, un jeune étudiant sans argent mais extrêmement doué au maniement du sabre, s’ennuie sur la place du village pendant que ses amis font la fête. Une calèche arrive et en descend Scapinelli, un homme étrange qui s’invite à la table de Balduin. Après une petite discussion, ils partent ensemble. Pendant ce temps, la comtesse Margit et son fiancé le baron Waldis-Schwarzenberg, se préparent pour une partie de chasse à courre. La comtesse déclare a son fiancée, qui n’est autre que son cousin, qu’elle ne l’aime pas et qu’elle a simplement suivi la volonté de son père. Elle prend la fuite et croise la route de Balduin et de Scapinelli. Elle tombe de cheval dans un lac et le jeune garçon se rue à son aide. Pour le remercier de son geste, le comte invite Balduin au château. Le jeune homme est ravi de revoir la comtesse jusqu’au moment où le comte lui présente le fiancé de cette dernière. Dépité, Balduin prend congé de ses hôtes et retourne dans sa chambre. Scapinelli s’invite à son chevet et lui propose un curieux contrat : en échange de 100 000 florins, Balduin devra laisser Scapinelli prendre ce qu’il veut dans sa chambre. Ébloui par l’argent, l’étudiant signe le contrat. Scapinelli prend alors ce qu’il souhaite : le reflet de Balduin ! D'abord déconcerté de ne plus voir son reflet dans le miroir, Balduin oublie vite ce curieux phénomène en reluquant la grosse somme d’argent qui est sienne. Il courtise la comtesse en l’absence de son fiancé, sans savoir qu’il est espionné par la jeune marchande de fleurs qui est secrètement amoureuse de lui. Celle-ci va prévenir le baron de cette idylle naissante. Se rendant chez Balduin, le baron le défie en duel au sabre afin de rétablir son honneur. Le comte fait promettre à Balduin de ne pas tuer le baron. Malheureusement, avant d’arriver sur le lieu du duel, il croise son reflet, un sabre ensanglanté à la main...

LA FIN DU FILM :
Balduin, harcelé par son reflet, rentre chez lui et se munit d’un pistolet. Quand son reflet apparaît, il lui tire dessus, le faisant disparaître. Heureux d’avoir régler le problème, Balduin s’aperçoit qu’en tirant sur son reflet, c’est lui-même qu’il a tué. Il s’écroule. Scapinelli entre dans la pièce et déchire le contrat.

MON AVIS :
Avec L'étudiant de Prague, on commence gentiment à taper dans le lourd en matière de cinéma fantastique. Non pas que les autres films présentés jusqu'à présent sur ce blog soient mauvais ou inintéressants, bien au contraire, mais on franchit très nettement un palier avec cette oeuvre de Paul Wegener réalisé en 1913. De part sa durée tout d'abord, avec 83 minutes au compteur, ce qui est une durée plutôt hors norme pour l'époque. De par son scénario ensuite, qui, grâce à la durée du film justement, se permet de développer son histoire mais aussi ses personnages et de nous conter tranquillement ce drame romantique teinté de fantastique sans devoir utiliser des ellipses à tout bout de champ par manque de temps. 

On a donc une véritable histoire, mieux construite, mieux racontée qu'auparavant : une histoire d'amour principalement, avec cette romance impossible entre un jeune étudiant miséreux et une comtesse fiancée à son cousin. Ce coup de foudre imprévu entre Balduin, interprété par le réalisateur Paul Wegener qui nous offrira Le Golem en 1920, va être l'occasion de voir le fantastique intervenir dans le quotidien de ce jeune homme sans le sou. Désireux plus que tout au monde de séduire la comtesse, il va être victime d'un curieux personnage, dont l'accoutrement n'est pas sans nous rappeler le look du docteur Caligari dans le classique de 1919. Si on ne saura pas grand chose sur ce Scapinelli, joué par John Gottowt, impossible de ne pas voir dans ce personnage une variation du Méphistophélès présent dans le "Faust" de Goethe. Car c'est un véritable pacte avec le Diable que va signer le pauvre Balduin. Attiré par la promesse de devenir riche, ce qui lui permettrait de mener une existence plus aisée et donc plus compatible avec le statut de la comtesse, il signera sans sourciller le contrat de Scapinelli qui, en échange, lui volera son reflet !

Ce thème du double semble être inspiré par la nouvelle d'Edgar Allan Poe, "William Wilson", dans lequel un homme était pourchassé par son double. Dans L'étudiant de Prague, le double est donc le reflet du héros. Un reflet qui, lors d'une sublime séquence magistralement réalisée, sortira du miroir et fera face à son "hôte" qui n'en croira pas ses yeux. La direction d'acteurs est très réussie dans cette séquence forte en émotion. Les autres séquences vers la fin du film, dans lesquelles le héros et son reflet se rencontrent à diverses reprises, sont-elles aussi efficacement réalisés et on saluera l'ingéniosité des personnes ayant réussies ce tour de force à cette époque. 

Filmé en décors naturels, L'étudiant de Prague préfigure le futur cinéma expressionniste allemand et on en trouve quelques traces ici, comme lorsque le héros tente d'échapper à son reflet le poursuivant dans les rues de Prague. Les rues, les escaliers, les maisons forment une géométrie étrange qui crée une atmosphère particulière, flirtant souvent avec le gothique, et dans laquelle on pressent un danger imminent. La caméra, toujours statique, laisse pourtant venir à elle les acteurs, se focalisant sur certains d'entres-eux et apportant une légère dynamique à la mise en scène, même si l'impression de voir du théâtre filmé est toujours présente. Une impression amplifiée par le fait que le film se découpe en quatre acte, telle une pièce de théâtre. Les acteurs jouent tout de même plus en retenu au niveau de leurs gestuelles et livrent de belles compositions. Paul Wegener campe un jeune amoureux avec brio quant John Gottowt se montre particulièrement inquiétant dans le rôle de ce sorcier de Scapinelli, ricanant et prenant un malin plaisir à tourmenter sa victime, n'ayant aucune compassion pour elle lors du final tragique. 

Si le fantastique n'est présent que par petites touches dans L'étudiant de Prague, la romance et le drame étant les principaux éléments de cette histoire machiavélique, il n'en reste qu'on tient ici l'un des premiers films importants du genre. Encore très rigide au niveau de la caméra, L'étudiant de Prague influencera néanmoins les futurs classiques allemand de l'époque du muet. 

A noter qu'avant 1987, il n'existait qu'une version de 40 minutes du film. Une restauration permit d'obtenir cette version de 83 minutes, à laquelle il manque approximativement deux minutes perdues à jamais et situées durant l'introduction.

LA SCÈNE MARQUANTE :
Lorsque Balduin, après avoir signé le contrat de Scapinelli, voit son reflet s'extraire du miroir et sortir de sa chambre avec ce dernier. 

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS :

 

 

LE FILM :

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