CAUCHEMARS ET HALLUCINATIONS

CAUCHEMARS ET HALLUCINATIONS

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Cauchemars et Hallucinations
Titre original : Unheimliche Geschichten
Autres titres : Eerie Tales

Réalisateur : Richard Oswald
Année : 1919
Pays : Allemagne
Musique : /
Genre : Épouvante
Interdiction : /

Casting
 Conrad Veidt (La Mort, divers personnages)
 Reinhold Schünzel (Le Diable, divers personnages)
Anita Berber (La prostituée, divers personnages)
Hugo Döblin
Paul Morgan
Georg John

Compagnie de production : Richard-Oswald-Produktion

Première diffusion : 6 novembre 1919 (Allemagne)

Durée : 98 minutes


L'HISTOIRE
Dans une bouquinerie. Une fois le propriétaire des lieux partit, les personnages des trois tableaux accrochés au mur, la Mort, le Diable et la Prostituée, sortent de leur toile et se plongent dans la lecture de quelques ouvrages terrifiants et nous font profiter des histoires macabres qu'ils vont se raconter...

LA FIN DU FILM :
Une fois leur lecture terminée, la Mort, le Diable et la Prostituée réintègrent leur tableau respectif. Le bouquiniste, qui a été témoin de ce phénomène terrifiant, sombre dans la folie...

MON AVIS :
On cite souvent Le Cabinet du Docteur Caligari comme étant l'ancêtre et le précurseur du cinéma d'épouvante. Rendons donc à César ce qui lui appartient. Car oui, Cauchemars et Hallucinations, bien que réalisé la même année, a été diffusé avant le classique de Robert Wiene et peut donc se targuer d'être le film pionnier du genre, même si on a vu qu'il existe des versions du Dr Jekyll et Mr Hyde qui lui sont antérieurs et qui jouaient déjà avec le registre de l'épouvante. Néanmoins, de part sa durée, 112 minutes environ, Cauchemars et Hallucinations peut être vu comme le premier long métrage d'épouvante du cinéma. A noter que le négatif original du film a été perdu et que la seule copie existante, restaurée par la Cinémathèque Française, dure 98 minutes.

En plus de ce titre honorifique, le film de Richard Oswald en choppe un second au passage, à savoir celui de premier film à sketch horrifique ! Car oui, Cauchemars et Hallucinations nous présente un fil conducteur (la Mort, le Diable et la Prostituée qui pénètrent dans le monde réel et vont se lire des histoires qui font peur) ainsi que cinq histoires horrifiques. Vous l'aurez compris, voici l'ancêtre des Contes de la Crypte, rien que ça ! D'ailleurs, son titre américanisé, Eerie Tales, correspond tout à fait au spectacle proposé.

La première histoire s'intitule "L'apparition". Un homme qui se promène est témoin de l'agression d'une belle jeune femme par un homme violent. Il se précipite pour lui venir en aide. Celle-ci lui explique que l'homme violent n'est autre que son mari qui la traque sans cesse et en veux à sa vie. Pour la protéger, l'homme loue à la femme une chambre dans le même hôtel que le sien. Le lendemain, il ne trouve aucune trace de la jeune femme et la chambre est totalement déserte. Il se renseigne à l'accueil mais le maître d'hôtel lui dit qu'il n'a jamais été accompagné d'une femme hier soir. L'homme a-t-il été victime d'une hallucination ?? La vérité sera bien plus terrible...

Second sketch : "La main". Deux hommes désirent la même femme. Pour se départager, ils décident de jouer aux dés. Malheureusement pour le vainqueur, le perdant est mauvais joueur et il l'étrangle. Plusieurs années après ce drame, l'étrangleur est toujours hanté par son geste et par la vision de sa main enserrant le cou de sa victime. Une victime dont l'enveloppe spectrale compte bien poursuivre sa vengeance...

La troisième histoire est intitulée "Le chat noir", un classique de la littérature horrifique du à Edgar Allan Poe. Un mari ivrogne est soupçonné d'avoir fait disparaître son épouse et son chat noir...

Quatrième récit : "Le club du suicide". Un homme désire se faire accepter dans un club privé. Il découvrira, une fois intégré, que les membres de ce club se livrent à un jeu particulièrement macabre. Tous les soirs, les membres tirent une carte à jouer et celui qui pioche l'as de pique doit accepter de mourir à minuit ! 

Enfin, la dernière histoire se nomme "Le spectre". Délaissée par son époux qui travaille trop, une femme se laisse séduire par un jeune baron qui vient d'être recueilli dans sa maison après un accident de calèche. Ce dernier, sensible aux charmes de la femme, joue les bonimenteurs et inventent des histoires le mettant en valeur. Quand le mari s'esquive et laisse sa femme et le baron seuls, d'étranges phénomènes se manifestent dans la maison et le courageux baron va vite dévoiler sa véritable nature de froussard...

Cauchemars et Hallucinations porte donc bien son titre. Les récits jouent savamment sur l'épouvante et ces deux thématiques. Ils misent sur une ambiance macabre dans lequel l'humour noir est souvent présent, notamment lors du twist final. Comme dans tous les futurs films à sketch à venir, la qualité des différentes histoires varient forcément, avec des récits qui sortent plus du lot que d'autres. Mais dans l'ensemble, ces cinq histoires sont de bonnes tenues, se montrent efficaces dans leur traitement et la mise en scène, bien qu'encore très classique avec une caméra toujours statique, participe à créer un climat d'étrangeté bienvenu, climat renforcé par le jeu du trio d'acteurs principaux multi-rôles dont les expressions de visage, les yeux exorbités et la gestuelle amplifiée trouvent ici matière à s'exprimer librement.

Les acteurs qui interprètent la Mort, le Diable et la Prostituée, à savoir respectivement Conrad VeidtReinhold Schünzel et Anita Berber jouent également de nombreux autres rôles au sein des cinq histoires, maquillés et vêtus de différentes façons . Bien sûr, le plus charismatique reste Conrad Veidt, légendaire acteur du muet, qu'on reverra par la suite dans des films prestigieux comme Le cabinet du Docteur Caligari (1919), Satanas (1920), Le Crime du Docteur Warren (1920), Les Mains d'Orlac (1924), Le Cabinet des Figures de Cire (1924), L'étudiant de Prague (1926) ou bien encore L'Homme qui rit (1928) dans le registre qui nous intéresse ici. En 1940, il interprétera Jaffar dans le sublime Le Voleur de Bagdad. La jolie Anita Berber aura une fin tragique puisqu'elle mourra à vingt-neuf ans, en 1928. 

Avec ses histoires mêlant amant criminel, séance de spiritisme, fantôme vengeur, apparition, meurtres, femmes en détresse, mari jaloux et violent, chat emmuré vivant, club du suicide, maison hantée et j'en passe, Cauchemars et Hallucinations sait divertir tout en se montrant parfois angoissant et la chute des histoires réservent toujours une bonne surprise. Un film à sketchs de qualité et qui mérite mieux que sa relative clandestinité. 

LA SCÈNE MARQUANTE :
Dans le second sketch, quand la jeune femme découvre le cadavre de son amoureux et que celui-ci s'agite une dernière fois, tout en contracture, dans un dernier spasme.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 1/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS :

 

 

 

LE FILM

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